Retour à la nature !
Que se passera-t-il dans notre jardin si nous cessons de désherber, de faucher ou de défricher ? Voici comment la nature évolue quand nous avons le dos tourné.
Coulisses de l’épisode et sources d’Azade, épisode 9
C’est en observant l’évolution spontanée du jardin au fil des années sur les sols qui avaient été plus ou moins bouleversés puis laissés tranquilles que je me suis intéressée à la question des successions végétales spontanées.
A chaque fois, le schéma est le même, les herbes pionnières et fugaces préparent le terrain pour les plantes pérennes, puis c’est le temps de la grande friche avec ses épines, et progressivement, l’arrivée des arbres. La forêt voisine donne une vision des étapes suivantes, qui s’approchent de l’état — théorique — de climax, le point culminant d’une gradation.
Le célèbre paysagiste Gilles Clément se sert de ce phénomène dans ses créations. Il explique les différentes étapes de la nature qui tendent vers ce climax et l’application qu’il en fait dans son livre de référence, Le jardin en mouvement, édité chez Sens et Tonka. Une synthèse de de ces principes est disponible sur son site ainsi que sur aujardin.info.
Si vous souhaitez approfondir le phénomène des des successions écologiques et leurs différentes dynamiques, voici un résumé de cours de licence 3 biologie des organismes, très accessible. A consulter aussi : cette présentation du Muséum national d’histoire naturelle avec notamment les exemples de l’évolution d’un champ et d’une tourbière.
Par ailleurs, ce blog diffuse plusieurs schémas sur la diversité des formes de successions écologiques en fonction des milieux : prés, étangs, altitude… Par exemple :
Pour étancher (ou au contraire susciter ?) encore un peu plus votre curiosité au delà du propos de cet épisode, sachez qu’en l’espace d’un siècle, la recherche n’a cessé de remettre en cause la théorie du climax, de la contester, de l’affiner, de la redéfinir. Il est désormais question de paraclimax, plésioclimax, disclimax, post-climax, métaclimax, de subclimax, etc.
Scientifiques et écologues s’étripent encore joyeusement sur cette notion. Pourquoi ? Parce que le climax a ceci de passionnant qu’il fait déraper très vite les discussions hors du cadre de la biologie pour interroger notre vision de la « vraie » nature (Paradis terrestre ou Enfer sauvage ?) ainsi que la place et le rôle de l’humain dans cette nature.
Inutile de préciser que, sur ces terrains là, les débats peuvent être à la fois vifs et sans fin…
Deux articles très intéressants présentent ces enjeux : La notion de climax, modèle d’une nature sauvage de Raphaël Larrère et Vers un changement climacique ? de Jean-Claude Génot.
Voilà, c’était le dernier épisode de cette première série. Mais on va vite revenir vers vous avec de nouvelles histoires !!!
Une petite devinette pour la route : à votre avis, quel est le livre qu’Eglantine et Azade ont offert à Guy ?
Moi je n’ai que des orties partout et de plus en plus. Excellent en soupe et faire des shampoings maison, mais à part ça, pas de plus en plus de biodiversités, sauf les pucerons des orties et les orties.
Ah oui, et aussi des arbres qui se mettent à pousser là où il n’y a pas d’orties, dans les rares coins.
Bonjour L,
Je vous conseille de vous reporter aux guides sur les plantes bio-indicatrices pour connaître la raison de cette explosion d’orties chez vous, en particulier le livre de Gérard Ducerf, qui est une référence en la matière. La pousse des arbres indique bien l’évolution vers la forêt (stade « climacique ») décrite dans cet épisode.