L’orchidée de Darwin
C’est en étudiant une orchidée de Madagascar que Charles Darwin a eu une intuition géniale, confirmée… près de 140 ans plus tard !
Coulisses de l’épisode et sources d’Azade
On l’a oublié (ou on l’ignore), mais Charles Darwin a été avant tout un éminent botaniste.
« Rien au cours de ma vie scientifique ne m’a probablement donné autant de satisfaction que d’établir la signification de la structure des plantes », confie-t-il dans son autobiographie.
Il s’est passionné très jeune pour les plantes dans le jardin et le verger familial.
Il a étudié la flore de son pays, a assemblé une collection de plus de deux mille plantes. Il a arrêté de voyager après l’âge de 27 ans mais correspondait avec des botanistes du monde entier qui lui envoyaient des spécimens. Il a fait lui-même des expériences sur 60 espèces, comme l’explique en particulier cet article du Daily World (en anglais).
A écouter également : l’interview d’Éric Lapie, le commissaire de l’exposition « Darwin, l’original » qui a eu lieu à la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris de décembre 2015 à juillet 2016.
Charles Darwin a aussi fait construire cinq serres dans son jardin pour cultiver les plantes tropicales.
Après la parution de son livre majeur, L’origine des espèces, en 1859, et dès 1860, il se consacre avant tout aux plantes et dédie le reste de sa vie à leur étude. Jusqu’à sa mort, en 1882, il publie six livres et 70 articles de botanique.
Il s’intéresse avant tout aux orchidées, que ce soit des climats tempérés ou tropicaux : « elles offrent l’illustration la plus magnifique de sa théorie sur le rôle de la sexualité dans l’évolution ».
Les orchidées sont considérées comme un stade ultime de l’évolution des plantes. Il en existe près de 20 000 espèces, qui ont conquis toutes les régions du globe, des tropiques jusqu’aux pelouses alpines, l’Alaska et le Groenland.
Autre caractéristique : elle se sont très diversifiées, développant des stratégies variées pour attirer l’espèce d’insecte (souvent une seule) qui va les polliniser. Lire à ce propos l’ouvrage de Jean-Marie Pelt, Les plantes, amours et civilisations végétales ou se référer à l’article de Guy Durieu, professeur émérite de l’université Paul Sabatier de Toulouse sur le site du groupement Midi-Pyrénées des amateurs d’orchidées.
Dès 1862, Charles Darwin publie un livre sur les « inventions » des orchidées : On the Various Contrivances by Which British and Foreign Orchids are Fertilised by Insects, and on the Good Effects of Intercrossing, disponible intégralement sur le site Darwin on line (en anglais).
Il est publié en français en 1870 sous le titre de De la fécondation des orchidées par les insectes et des bons résultats du croisement.
Autant son ouvrage de 1859 sur l’origine des espèces était suspecté par la communauté scientifique de « spéculation » ( insulte suprême dans le milieu scientifique de son époque !), son livre sur les orchidées lui permet de renforcer, confirmer et enfin, d’imposer sa théorie sur l’évolution par la sélection naturelle dès l’année suivante. Lire à ce propos cet article du Smithsonian magazine (en anglais).
L’hypothèse de Darwin sur l’existence d’un insecte doté d’une trompe capable de butiner et donc polliniser l’orchidée-comète de Madagascar est cependant accueillie dans un premier temps avec beaucoup scepticisme, bien qu’il trouve un soutien auprès de son compatriote, Alfred Wallace. A lire dans ce récit publié dans l’excellente revue Insectes.
Wallace avait abouti aux mêmes conclusions sur l’évolution mais a été pris de vitesse par l’auteur de L’origine des espèces. Cet épisode étonnant est raconté dans cet article de l’agence Science-Presse. Le livre de Wallace où il expose sa théorie sur la sélection naturelle, traduit en français, est disponible ici, sur le site de Gallica.
Darwin éclipsera complètement le travail de Wallace, qui restera, lui, comme le père de la biogéographie. Sa biographie et une présentation de ses travaux sont disponibles ici, là, et là.
L’article où Wallace défend l’intuition de Darwin, en 1867, est lisible dans son intégralité sur ce site qui lui est entièrement dédié. Cet article est accompagné d’une illustration, l’équivalent d’un poster « wanted » chez les naturalistes :-).
L’hommage et la référence à la « prédiction de Wallace » — qui a inspiré le nom de l’insecte pollinisateur de cette orchidée de Madagascar — est à retrouver dans ce fac-similé du texte d’origine (en anglais)
Voici également un reportage de la BBC sur le sujet :
et de Science Channel, avec notamment des séquences de pollinisation :
Et enfin les toutes premières photos de l’insecte en action, prises en 1997, disponibles sur le site Research gate (base d’articles scientifiques en ligne).
[…] jardin pour cultiver les plantes tropicales. Voici également un reportage de la BBC sur le sujet : §. Darwins Comet […]
[…] §. C’est en étudiant une orchidée de Madagascar que Charles Darwin a eu une intuition géniale, confirmée… près de 140 ans plus tard ! Coulisses de l’épisode et sources d’Azade On l’a oublié (ou on l’ignore), mais Charles Darwin a été avant tout un éminent botaniste. « Rien au cours de ma vie scientifique ne m’a probablement donné autant de satisfaction que d’établir la signification de la structure des plantes », confie-t-il dans son autobiographie. Il s’est passionné très jeune pour les plantes dans le jardin et le verger familial. Il a étudié la flore de son pays, a assemblé une collection de plus de deux mille plantes. A écouter également : l’interview d’Éric Lapie, le commissaire de l’exposition « Darwin, l’original » qui a eu lieu à la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris de décembre 2015 à juillet 2016. […]